Par : Ben Lewis
Chaque année, nous avons droit à un niveau de tennis exceptionnel à Roland-Garros, deuxième épreuve du Grand Chelem de la saison.
Plus d’une semaine s’est écoulée aux Internationaux de France, et les joueurs ont glissé et plongé vers des victoires dramatiques ou des défaites crève-cœur sur la terre battue.
Je vous propose ainsi mes choix pour les quatre duels épiques et inoubliables de la première semaine de Roland-Garros.
Carlos Alcaraz bat Albert Ramos-Vinolas 6-1, 6-7(7), 5-7, 7-6(2), 6-4
Au cours des derniers mois, l’ascension de Carlos Alcaraz a été bien documentée. En un mot, elle a été fulgurante.
Avant l’édition 2021 de Roland-Garros, l’adolescent à l’immense talent occupait le 94e rang mondial.
Un an plus tard, les muscles sculptés et doté d’un jeu nettement plus puissant, l’Espagnol a remporté cinq titres ATP, dont deux du Circuit Masters 1000. Il s’est hissé au 6e échelon et a électrisé la foule à chacune de ses sorties grâce à ses coups d’éclat et son sens de la compétition.
Alcaraz possède tout ce qu’il faut : la vitesse de l’éclair, une puissance impitoyable du coup droit et du revers, un jeu au filet dominant et une délicatesse qui lui permet de réaliser des amortis parfaitement dosés.
Au deuxième tour de Roland-Garros, il a croisé le fer avec son compatriote Albert Ramos-Vinolas, bien décidé à mettre son expérience à profit.
Ramos-Vinolas possède plus de dix ans d’expérience sur le circuit et sa feuille de route comprend d’impressionnants résultats, notamment sur la terre battue, surface sur laquelle il a conquis ses quatre titres de simple. Il est également un ancien quart de finaliste de Roland-Garros et a déjà fait partie du Top 20.
C’était un duel de styles contrastants dans la soirée parisienne. Ramos-Vinolas, un solide gaucher avec un coup droit lourd et bien placé, a tout tenté pour déstabiliser l’athlétisme dynamique, la vitesse et la puissance brute d’Alcaraz.
L’adolescent a rapidement empoché la manche initiale 6-1 avant que Ramos-Vinolas ne réplique en remportant les deux suivantes.
Au quatrième acte, il était à quelques centimètres de la ligne d’arrivée, ayant même une balle de match sur son service, avant qu’Alcaraz n’orchestre une remontée pour finalement gagner la manche au jeu décisif.
À la manche ultime, Ramos-Vinolas s’est servi de la précision de ses coups et son adresse au filet pour obtenir un bris précoce, mais Carlitos a refusé de baisser les bras, puisant dans ses réserves pour vaincre son compatriote en quatre heures et 34 minutes.
La foule sur le Court Phillipe-Chatrier a applaudi à tout rompre.
Stefanos Tsitsipas bat Zdenek Kolar 6-3, 7-6(8), 6-7(3), 7-6(7)
Stefanos Tsitsipas est un habitué des grandes scènes.
Il est un finaliste de Roland-Garros, triple demi-finaliste aux Internationaux d’Australie et compte des victoires aux dépens du Big 3 (Djokovic, Federer et Nadal).
Cette année, on lui prédisait un retour en finale à la porte d’Auteuil, d’autant plus que le bas du tableau était grand ouvert.
C’est pourquoi personne ne s’inquiétait pour lui contre le Tchèque Zdenek Kolar, 134e mondial.
Âgé de 25 ans, Kolar évolue surtout sur le Circuit Challenger et ne s’était jamais qualifié pour le tableau principal d’un tournoi du Grand Chelem. Jusqu’à une semaine avant le début du grand tableau de Roland-Garros…
Il a récolté trois solides victoires lors des épreuves préliminaires, puis a indiqué la sortie au Français Lucas Pouille au premier tour du tableau principal.
Toutefois, les premiers signes indiquaient que Tsitsipas avait le contrôle du match lorsqu’il a aisément gagné la première manche 6-3.
Les deux protagonistes ont ensuite produit des échanges à couper le souffle au deuxième engagement, alors que Kolar poussait le Grec vers un long jeu décisif qu’il a perdu 10-8.
Par la suite, le Tchèque a haussé son niveau pour s’emparer du troisième acte, prenant le Grec à contre-pied grâce à de brillants amortis.
Kolar a maintenant un haut niveau et a frappé à la porte d’une cinquième manche alors qu’il menait 6-2 au jeu décisif de la quatrième manche. Cependant, Tsitsipas avait conservé ses atouts pour les moments cruciaux et a finalement scellé l’issue de la rencontre après un échange de 18 coups.
Ce match a produit 124 coups gagnants, ce qui atteste de la qualité du jeu des deux rivaux.
Jil Teichmann bat Victoria Azarenka 4-6, 7-5, 7-6(10-5)
À 32 ans, Victoria Azarenka a toujours aussi soif de victoires.
Azarenka a de quoi être fière, car elle a connu une carrière digne du Temple de la renommée. Double championne des Internationaux d’Australie, elle est une triple finaliste des Internationaux des États-Unis et était également demi-finaliste à Roland-Garros en 2013.
Son jeu n’est peut-être pas conçu pour la terre battue, mais sa puissance compense largement le manque d’effets qui caractérisent souvent les meilleures joueuses sur l’argile.
Jil Teichmann est à un stade plus précoce de sa carrière et a connu une percée l’an dernier. En effet, la Suissesse a participé à la finale à Cincinnati grâce à des victoires aux dépens de Naomi Osaka, Belinda Bencic et Karolina Pliskova.
Dès le départ, il était évident que cette rencontre du troisième tour allait donner lieu à tout un combat.
Azarenka a porté le premier coup en arrachant la manche initiale. Teichmann, une gauchère qui n’a pas peur de monter au filet, a joué avec plus d’aplomb au deuxième acte et a réussi à forcer la tenue d’une manche décisive.
Après une manche en dents de scie, il était approprié de terminer le duel sur le super jeu décisif de 10 points.
Teichmann a épaté dans les derniers moments du match, remportant six de ses dix points grâce à des coups gagnants.
Bien qu’elle ait été stoppée au tour suivant par Sloane Stephens, sa présence en huitièmes de finale est le meilleur résultat de la Suissesse dans un tournoi du Grand Chelem.
Leylah Annie Fernandez bat Belinda Bencic 7-5, 3-6, 7-5
Deux féroces compétitrices étaient en vedette sur le Court Phillippe-Chatrier lors de la séance de jour du vendredi : Leylah Annie Fernandez et Belinda Bencic.
Fernandez a prouvé son courage et sa détermination à maintes reprises sur le terrain, notamment aux Internationaux des États-Unis de l’an dernier alors qu’elle se frayait un chemin jusqu’en finale.
Les Canadiens ont également vu Bencic jouer à un niveau incroyablement élevé. Elle a conquis l’un des plus importants titres de sa carrière il y a sept ans à l’Omnium Banque Nationale (anciennement la Coupe Rogers) à Montréal.
On s’attendait à des feux d’artifice dans cet affrontement, car les deux joueuses avaient l’intention d’imposer leur rythme dès le début.
Les deux rivales ont été solides dans la première manche, produisant 21 coups gagnants et ne commettant que 12 fautes directes. C’est toutefois son jeu au filet qui a permis à la Canadienne de s’imposer.
Bencic a rapidement freiné l’élan de Fernandez en jouant de manière beaucoup plus agressive et en la martelant de 18 coups gagnants.
Le troisième acte aurait pu mal tourner pour la Canadienne, mais quelques balles de bris lui ont permis de rester à flot. Et bien qu’elle n’ait pas réussi à conclure le match alors qu’elle servait à 5-4, elle a retroussé ses manches pour briser Bencic avant de gagner ses offrandes à zéro.
Fernandez a levé les bras en signe de triomphe, se nourrissant de l’énergie de la foule en savourant une autre victoire marquante de sa jeune carrière, accédant ainsi à la deuxième semaine de Roland-Garros pour la première fois.