Lorsque les Canadiennes s’investissent dans leurs matchs à l’Omnium Banque Nationale présenté par Rogers, l’entraîneur Sylvain Bruneau fait de même.
Chef du tennis féminin professionnel et de transition de Tennis Canada, il n’est pas anxieux ou stressé lorsqu’il les regarde jouer, mais il admet qu’il y a une certaine intensité dans sa concentration. Son approche consiste à être aussi mentalement présent que possible avec l’athlète.
« Je dispute en quelque sorte le match avec ma joueuse, explique Bruneau. Je n’aime pas vraiment qu’on me parle. Je suis dans ma bulle. Je ne suis pas très sociable et je n’aime pas parler du match avec les gens qui m’entourent. Je me concentre sur le match, sur chaque point. J’ai assisté à trop de revirements au tennis. Donc même si ma joueuse mène et que les choses semblent bien aller, je ne pense jamais que le match est dans la poche. »
Alors que pour la plupart des gens, le tournoi a commencé samedi, pour Sylvain, il a commencé une semaine avant : avec les jeunes Canadiennes qui participaient au tournoi de préqualification. Le lundi précédant son arrivée à Toronto, Tennis Canada a organisé un camp d’entraînement à Montréal auquel ont participé plusieurs des jeunes filles qu’il s’efforce de développer.
Au cours des dernières semaines, Bruneau a eu l’occasion d’assister à de nombreux entraînements avec des joueuses canadiennes prometteuses comme Victoria Mboko, Marina Stakusic et Kayla Cross. Cette semaine, il a hâte d’observer Rebecca Marina, Katherine Sebov, Carol Zhao, Leylah Annie Fernandez et Bianca Andreescu, qu’il n’a pu voir jouer en personne depuis plus d’un an. Alors que dans certains sports, les entraînements diminuent à l’approche de la compétition, au tennis, explique Bruneau, il y a toujours du travail à faire, même pendant un tournoi.
« Tu essaies d’optimiser chaque journée. Au tennis, tu te prépares et tu te présentes au tournoi. C’est à ce moment que tu découvres qui est ton adversaire. Il se peut que tu veuilles modifier ton entraînement en fonction de ce que tu connais du style de jeu de ton adversaire. Chaque jour, au fur et à mesure que tu gagnes des matchs, tu peux vouloir changer ou peaufiner certaines choses.
« En tant qu’entraîneur, tu ne sais vraiment jamais si ta joueuse est prête ou non pour un tournoi. Par contre, tu as une petite idée si elle est prête à performer. Parfois, une joueuse se sent bien et est prête, mais le match se déroule d’une manière totalement différente de ce qui était prévu. D’autres fois, une joueuse ne se sent pas bien avant un tournoi et peut connaître un début de match laborieux, puis les choses prennent une trajectoire favorable. Il s’agit d’être bien préparée et de pouvoir prendre les choses comme elles se présentent. »
Si de nombreux entraîneurs aiment travailler avec d’excellentes joueuses pour les rendre meilleures, Bruneau, lui, se passionne pour le développement des joueuses. Il se plait à entraîner les jeunes joueuses en devenir autant qu’il aime travailler avec les vedettes. Pour lui, même dans le cadre d’un tournoi important comme l’Omnium Banque Nationale, il essaie de partager équitablement son attention entre les Canadiennes, en travaillant avec elles et leur entraîneur pour s’assurer que tout le monde se sent en confiance et prêt à produire une performance optimale.
« J’aime le fait de prendre une joueuse et de développer sa biomécanique, son mental et son style de jeu pour la propulser vers l’avant. Pour moi, entraîner signifie aussi façonner leurs coups et être très spécifique. Je reviens toujours sur les matchs et je travaille sur des choses bien précises. J’essaie constamment d’aider la joueuse à s’améliorer et je cherche des changements subtils qui peuvent faire une différence. »
Bruneau, qui travaille pour Tennis Canada depuis plus de 20 ans, a joué un rôle déterminant dans l’Émergence du Canada en tant que pays de tennis. Bruneau, qui était l’entraîneur de Bianca Andreescu aux Internationaux des États-Unis de 2019, croit qu’on nait champion, mais qu’on peut aussi le devenir grâce à l’entraînement. Évoluer sous pression et s’entraîner de longues heures demande beaucoup de force mentale et certains athlètes semblent mieux prédisposés que d’autres, dit-il. Les entraîneurs eux-mêmes doivent avoir une mentalité de gagnants. Pour Bruneau, il s’agit de placer la barre toujours un peu plus haut au NBO22 pour voir les joueuses devenir les meilleures possibles.
« Les joueuses ont parfois besoin de quelqu’un pour les aider à croire en elles-mêmes. Elles savent quoi faire sur le terrain, mais elles ont parfois besoin d’un coup de pouce pour le découvrir par elles-mêmes. »